Cette semaine nous revenons sur le spectacle Guillotine avec des témoignages, des photos et des vidéos…
Quand la lame du couperet de Guillotine tombe sur la violence d’une agression un matin à Paris à l’heure où « l’odeur des croissants chauds vient gonfler les narines », c’est pour décapiter cette violence, pas seulement physique mais aussi sociale, verbale, où la victime n’est pas seulement celle de ses « agresseurs/terroristes », mais celle de tout un système qui détruit toute identité sans état d’âme en laissant le guillotiné face à lui-même et à sa douleur. Se relever, c’est ça, se relever et dire. Dire l’agression, c’est ici entrer dans une performance et dans une scénographie où le comédien passe par trois phases. Face au public, devant scène, il faut relater les faits, évoquer les situations cocasses, grotesques, drôles, puis s’adresser aux agresseurs, se tourner vers eux, leur parler, les aimer peut-être, et pourquoi pas ? Vient alors, pour le comédien le moment d’entrer dans l’arène, de monter sur l’autel du sacrifice, de dire l’agression autrement, en se confrontant, lors d’une transe, à ce mur de lumières qui en fond de scène intrigue, et se réveille progressivement pour entrer en action et frapper, frapper, et encore frapper. Quand la lame du couperet de Guillotine tombe, c’est pour empoigner la tête de la violence, c’est contempler son regard ahuri dans un face à face qui traduit ce chaos duquel on se relève malgré tout. Quand la lame du couperet de Guillotine tombe, c’est pour le spectateur et le comédien entrer en communion un matin, à Paris, à l’heure où « l’odeur des croissants chauds vient gonfler les narines ».
Photos : Théo Arifont @theo_bjectif – GUILLOTINE – La Compagnie Caravelle 202312