Guillotine
Texte, jeu et mise en scène : Antoine Guillot
Dramaturgie : Dominique Oriol
Direction d’acteur : Isabelle Roux-Lalisban
Responsable technique : Jérémie Buatier
Régie : Camille Dégeorges Ruffelaere
Scénographie : Antoine Guillot et Jérémie Buatier
Accompagnement travail corporel : Christelle François
Communication : Elodie Pouzol
Avec la complicité de Claire Marie, Marjolaine et Alery.
Production et diffusion : La Compagnie Caravelle
Co production : Pôle Centre culturel du pays d’Alby sur Chéran.
Avec le soutien de Bonlieu Scène nationale d’Annecy (74), des Ateliers Sauvages d’Alger – Wassyla Tamzali (Algérie), du Pôle Centre culturel du pays d’Alby sur Chéran (74), PJJ Savoie et Haute-Savoie, Malraux Scène nationale de Savoie (73), La Fabrique de La Base – Tiers lieu de l’espace Malraux à Chambéry (73), la Région et la DRAC Auvergne Rhône-Alpes et le Département de la Savoie.
La Compagnie Caravelle est soutenue par son cercle des mécènes, par la ville d’Aix-les-Bains, le département de la Savoie, la Région et la DRAC Auvergne Rhône-Alpes.
Photographies : Théo Arifont
Captation et réalisation vidéo : Milhan Jousseaume
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Synopsis
Paris, un matin d’octobre, il est 6 heures, un homme s’écroule, le nez dans le caniveau. 24 heures plus tard, c’est l’hôpital où il se réveille, pris au piège dans son corps meurtri, paralysé. Victime d’une agression gratuite où il a été laissé pour mort, le personnage part à la reconquête de soi et entre dans un engrenage qui balaie toute identité. Se relever, c’est cela, se relever et dire pour ne pas que la scène se rejoue, et mener un combat pour se reconstruire, un combat contre soi-même, ses agresseurs et le monde.
Note d’intention
« Guillotine », ce n’est pas seulement raconter l’histoire d’une violente agression qui a eu lieu un matin d’octobre à Paris, ou faire entrer le spectateur dans le passé de cette narration. « Guillotine » c’est vouloir crier au monde un furieux désir de vie, en conduisant le spectateur dans une trame dramatique en trois tableaux, trois combats menés par la victime.
La construction scénographique et narrative sera nécessairement en trois tableaux qui serviront de réceptacle à ce besoin de dire des sensations, sensation d’être mort une première fois, sensation de vivre une injustice, sensation d’être abandonné par son corps mutilé par les coups, par un corps contraint par la paralysie, …. Elle cherche à structurer en trois points de vue différents le parcours du « personnage victime » qui interroge ces différentes sensations mais aussi le monde qui l’entoure.
Dans un premier tableau, on évoquera les situations cocasses, grotesques et drôles imposées par une situation qui ne l’est pas. Phase d’une objectivité crue et sans fard, qui se joue devant la scène, où l’improvisation suit une trame qui permet d’entrer dans le rationnel du réveil à l’hôpital au dépôt de plainte, en passant par différents méandres administratifs qui pourraient balayer toute légitimité à être victime. Indispensable d’évoquer les faits et leur absurdité pour créer cette proximité avec le public, pour entrer déjà dans le regard simple et naïf d’une victime réduite à un « dossier clos ».
Le deuxième tableau, plus intime, ouvrira un nouvel espace où la victime va chercher ses agresseurs. Elle a besoin de s’adresser à eux, de comprendre pourquoi, de savoir où ils résonnent encore chez elle, de se tourner vers eux, de leur parler, de les aimer peut-être, et pourquoi pas ? Jouer sur ces variations, cette quête, ces sentiments, ces paradoxes, admettre cette nécessité de dire « ce qui est » pour trouver la force de saisir un dialogue dans un espace qui s’éloigne du public. Entrée en scène du mur de lumière, de ses lueurs qui vacillent et oscillent mais aussi de sons presque imperceptibles comme si tout se tramait insidieusement.
Troisième tableau. On balaiera la voix, on ira chercher le corps, Il ne sera plus possible de parler, comme si tout avait été dit sur des modes différents mais suffisamment éloquents. Il faudra pour la victime se confronter à nouveau à ses agresseurs, revivre l’agression, encaisser à nouveau les coups et mettre en scène ce corps – et uniquement ce corps – violenté, mutilé par les coups, contraint par la paralysie. Dernier tableau qui se jouera sur une chorégraphie, une transe, avec en fond de scène ce mur de lumière qui dialogue avec la victime. Ce mur est l’outil dramaturgique qui marque le point d’aboutissement de ce parcours narratif, il prend ici une dimension symbolique. Ici, la parole est autre, et indispensablement autre.
Quels enjeux ? : Une volonté de mener physiquement le combat jusqu’au bout ? Un moyen de revivre l’agression ? D’impliquer le public et de savamment l’aveugler par les « phares » de ce mur de lumière ? Placer ce public en témoin passif d’un corps en danger ? Et pour la victime, se livrer sur le rythme de la musique et de la lumière à la fatalité des coups, les traverser, les contempler pour mieux renaître de ses cendres ? Sans doute oui, et surtout, en ne sombrant pas dans une vision thérapeutique de l’acte théâtral, mais en « auscultant » ce que l’état atrophié d’un corps déséquilibre dans la construction d’une identité. Traverser les différentes dimensions du je, d’un je qui a oublié celui d’avant, et qui n’a pas d’autres choix que se confronter au monde, à la société, à ses agresseurs, à soi, aux coups qui résonnent… « Guillotine », c’est à travers cette esthétique, entrer de plein fouet dans un face à face avec la violence, quelle que soit sa forme, pour traduire ce chaos duquel on se relève malgré tout.