Le songe d’une nuit d’été

Par le groupe d’amateurs de La Compagnie Caravelle.
Agathe François – Evelyne Gauthier – Nathalie François – Pauline Girardin – Raphaël Maillot

Pièce de William Shakespeare.
Traduction de Antoine Guillot
Adaptation et Mise en scène de Antoine Guillot et Dominique Oriol

Synopsis

Deux couples d’amoureux transis, une dispute entre le roi des elfes et la reine des fées, Puck et sa potion qui s’en mêlent et une troupe de comédiens amateurs qui préparent une pièce pour le mariage d’un prince, tous vont s’entrecroiser dans cette forêt étrange et magique, le temps d’une nuit d’été ensorcelante qui ressemble à un rêve.

Note d’intentionLeSonge_A3

Le songe d’une nuit d’été se déroule en période estivale, le doute subsiste à savoir s’il s’agit de la nuit de Saint Jean ou de celle du premier mai. Là n’est sans doute pas l’important dans le fait de retraduire, d’adapter et de raconter sur scène cette histoire aujourd’hui. Nous sommes à l’évidence, face à cette œuvre, confrontés à deux discours très distincts et pourtant terriblement liés. Le premier serait ce regard cruel, voire presque ironique ou moqueur, porté sur l’amour, les tentatives de construction de relations et la futilité de tous ces sentiments. Le deuxième discours serait lié à cette période du monde historiquement riche à laquelle William Shakespeare appartient, le siècle élisabéthain outre-manche. Il faut s’imaginer qu’environ trente ans après l’écriture de cette pièce, Pedro Calderon de la Barca écrit La vie est un songe et nous plonge alors dans ce qui pourra être qualifié de véritable mouvement de pensée, celui de ceux qui voient toute réalité comme illusion trompeuse. Nous sommes là au cœur de l’intérêt de jouer Le songe d’une nuit d’été en ce début de XXIème siècle. Écrite entre 1594 et 1595 et jouée pour la première fois en 1605 – il y a donc plus de quatre cents ans – cette question était évidemment la première à s’imposer. Mis à part la volonté de retrouver cet enchaînement de scènes maintenant mythiques telles que Bottom se transformant en âne, la dispute entre Hermia et Héléna, l’épilogue de Puck, le personnage de Puck lui-même… il fallait répondre à la question du moyen mis en œuvre pour représenter cette œuvre aujourd’hui. On se laisse facilement emporter par la fabuleuse langue Shakespearienne, langue qui a ce pouvoir si rare de nous traverser et d’exiger un digestion physique pour être interprétée. Le problème est donc de jouer Shakespeare en français. Aucune traduction à ce jour n’a, à mon avis, percé l’excellence de Shakespeare. Les traductions existantes, même si brillantes pour certaines, restent sages face à la fureur corrosive rythmant l’histoire de l’auteur britannique. Le parti pris a donc été de tenter d’extraire du récit l’essence de ce qui en fait un texte totalement contemporain. La partie historique liée à Athènes n’est plus. Même si elle met évidemment en lumière des aspects moraux qui peuvent paraître primordiaux, il s’agit d’actualiser le propos et donc, pour y accéder, le contexte. Les vers de Shakespeare sont anéantis au profit d’un texte qui devient un matériau de metteur en scène du XXIème siècle. A savoir également que cette adaptation est réalisée sur mesure pour une représentation assurée par un groupe d’amateurs composé de femmes, seul Puck sera joué par un jeune garçon. Voyons cela comme un contre-pied contemporain à l’époque élisabéthaine qui ne permettait qu’aux hommes de monter sur scène. Notre monde contemporain a sans doute besoin de rêver un peu, laissons-le, au moins le temps d’une nuit d’été, lorsque tout est possible, dans ce songe salvateur.